lundi 17 février 2020

Tranches de vie

Quand on croise quelqu’un ici on ne dit pas « Bonjour ! », mais « Bonjour, ça va bien ? Oui ça va ! Comment tu t’appelles ? Tu viens d’où ? » , tout ça en se serrant la main, les enfants aussi. Le fait que beaucoup de gens puissent parler le français nous permet d’avoir plein de petites discussions avec les gens, un peu comme des tranches de vie.
C’est ainsi qu’à l’embarcadère d’Affiniam nous croisons Ernest, debout au bord du fleuve, regardant un fil dans l’eau. « Tu pêches  ? - Boah, non, j’attends  l’autre là, je fais ça pour m’amuser » .
L’autre c’est Gaston, que l’on salue, il prépare les filets de pêche pour les crevettes pour ce soir. Nous le recroisons plus tard : « Alors il a attrapé quelque chose Ernest ? - Ah ben oui il vous a pas croisé ? Sinon il aurait pu vous les donner. - c’est ta pirogue celle-là ? - oui on l’a taillé. Dans le fromager, quoi. Tu vois les filets on les installe comme ça de chaque côté. On peut recolter 5kg en une nuit. Ou 50kg. 100kg meme des fois ! Parait que c’est cher les crevettes en europe ? »
Sur le chemin, nous avons aussi croisé Moustafa qui rentre de Ziguinchor : « moi je suis couturier. Pour le village. J’achète mes tissus à la ville. Ils viennent de Côte d’ivoire ou du Mali». Plus tard on cherche son atelier, il nous présente ses créations et celles de son frère. Dans la grande habitation en torchi qu’il partage visiblement avec plusieurs familles, un tableau noir. « Une école ? - non ça c’est pour des cours le soir ».
Dans l’autre sens, on discute avec un ouvrier du barage : « moi je suis pas d’ici. Mais c’est pas normal, les chinois le travail qu’ils demandent. De l’esclavage. 8h à 19h il faut travailler au barage. Les français sont moins durs. »
A Ziguinchor , Ibrahim voudrait faire un reportage pour sensibiliser les enfants sur les déchets. Il cherche des idées pour marquer les esprits. On échange : nos surproduction de déchets en Europe, mais organisée, invisible et triée, leur très faible production de déchets mais très visible. Avant de se quitter, comme on peine à trouver des sandwichs un dimanche, il va généreusement acheter pour les enfants des biscuits et de l’eau ... en sachets individuels...
Toutes ces rencontres nous donne une image de vie des habitants de casamance, le fait de pouvoir échanger nous rapproche.


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