Dois-je porter le voile ?

Grande question avant d'arriver au Brunei, ce pays d'Asie qui a adopté la charia en mai 2014. En Malaisie, je m'y prépare et je regarde les voiles, mais qu'est ce que ça tient chaud ! C'est rédhibitoire. Si je peux m'en passer, je le ferai. Dans l'avion qui nous mène au Brunei, très peu de femmes voilées. Bien moins qu'en Malaisie ! 

Nous voilà accueillis par Ada, une énergique personne qui prend vraiment à coeur de nous faire découvrir son pays. Elle me rassure tout de suite, elle-même n'étant pas tout le temps voilée. 

Mais alors cette charia ? La lapidation des femmes qui commettent l'adultère ? Et couper la main des voleurs ? "C'est de la prévention. Il y a toujours des gens pour braver les interdits. Si l'on risque sa vie, c'est beaucoup plus dissuasif. Et cela ne risque pas d'arriver ! Il faut quatre preuves. Pour un adultère ? 4 témoins ! Pour un vol, prouver que l'objet volé était bien en sécurité ! ". Bon d'accord. Et finalement, nous avons la possibilité de manger à toute heure même si c'est actuellement le jeûne du ramadan. Ouf. Mais quand même, un changement pas des moindres. "Ce n'est plus la loi des hommes, mais celle de dieu". Le Brunei sous protectorat britannique avait adopté un code juridique calqué sur celui du Royaume Uni. Le voilà de retour à la culture islamique. Et l'islam définit beaucoup de règles de vie concrètes. Difficile alors de dissocier religion, politique, codes sociaux et aspects juridiques. L'occasion de nous y intéresser. Pour le père d'Ada, c'est apprendre la modération. Le jeûne ? Une façon d'apprendre à se limiter et se contrôler. On constate une séparation entre la vie privée et la vie publique, sur la façon de s'habiller, se comporter. Le texte du Coran ? Incompréhensible si on se limite à sa lecture. Il faut se replacer dans le contexte historique où il a été écrit. Il ne peut résumer pas à lui seul les valeurs transmises par la religion musulmane. 

Bref de quoi bien chambouler nos préjugés.